La chemise masculine, vêtement intime et ultime

En ce début d’année, dans la continuité des premiers billets publiés sur ce journal, je me devais de parler de l’autre vêtement iconique qui anime l’aventure d’Usages : la chemise masculine.

J’emploie volontairement le mot « iconique », même s’il est devenu un peu trop courant à mon goût, car la chemise est bel et bien une icône qui a marqué l’histoire avant de devenir un incontournable de notre garde-robe...

Jusqu’au Moyen-Age, la chemise est utilisée par les hommes et les femmes comme sous-vêtement ou vêtement de nuit. Elle est portée à même la peau et n’a pas vocation à être vue en dehors de l’intimité. Elle est blanche immaculée en coton, lin ou chanvre et se veut hygiénique et protectrice de la peau.

chemise masculine, chemise homme, chemise blanche

Chemise masculine, 1859, LACMA Collection.

A partir de la Renaissance, on en laisse dépasser les détails (cols, manches, boutonnières) prenant différentes formes (broderies, dentelles) pour orner le vestiaire masculin et marquer son statut social. Au XIXème siècle, la chemise blanche regagne en simplicité de coupe et devient un attribut du gentleman anglais et de l’homme bourgeois ou « col blanc ».

Vêtement intime puis marqueur social, la chemise a aussi symbolisé des combats politiques : teintée de rouge pour les révolutionnaires puis, à partir des années 1920, portée par les femmes en signe d’émancipation (au même titre que la coupe kimono opposée au corset).

Marlene Dietrich, 1932.

Les multiples facettes de ce vêtement, aussi courant que fort symboliquement, le rendent particulièrement inspirant. Tout comme le kimono qui a le pouvoir de donner immédiatement une allure incomparable, la chemise me semble aussi être un vêtement puissant car sa coupe et sa « stature » permettent de gagner en confiance en soi.

Quand je pense à la chemise, beaucoup d’images différentes et complémentaires me viennent en tête : la chemise qu’on emprunte à son mec pour se couvrir le lendemain matin (on retrouve sa dimension intime !), la chemise western hyper virile malgré ses détails fantaisie, la chemise « corporate » ou smoking qui ne demande qu’à être déboutonnée. Mais aussi la tunique ou la djellaba, versions orientales de la chemise, qui réconcilient élégance et confort.

Chemise blanche homme, djellaba, tunique

Yves Saint Laurent, 1970.

C’est un peu de tout cela que j’ai souhaité mettre dans l’Informelle, notre version de la chemise.

C’était une évidence d’en faire un vêtement unisexe puisqu’elle est si belle ajustée sur les hommes et tellement chic portée oversize par les femmes. Il fallait qu’elle soit longue en hommage à la chemise formelle (rentrée dans le pantalon de smoking) d’une part, et à la chemise de nuit « grand-père » ou la liquette d’autre part.

Cette longueur permet d’en faire différents usages : chemise de nuit, surchemise, veste légère ouverte, robe chemise ceinturée ou non, djellaba, blouse, chemisier noué à la taille, etc. 

Concevoir l’Informelle comme un vêtement aux multiples usages s’inscrivait naturellement dans l’ADN de notre marque. C’était aussi la meilleure façon de rendre hommage à la richesse de l’histoire de la chemise qui est finalement « le vêtement ultime ».


Sources :

Histoire de la mode du XVIIIe au XXe siècle, 2002.

Collection permanente du LACMA.

Musée de la Chemise et de l’Elégance masculine.

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